Prince Dimitri AMILAKVARI
Le lieutenant-colonel prince Dimitri AmiLakvari (1906 - 1942)
D'origine géorgienne, le prince Dimitri Amilakvari trouve refuge en France en 1921. Saint-cyrien, il se distingua notamment au Maroc, en Érythrée, à Bir Hakeim et commanda la
13e DBLE avant de tomber pour la France à El-Alamein.
Dimitri Amilakvari est né le 31 octobre 1906, à Gori, en Géorgie. Après la Révolution de 1917, sa famille, d'origine noble, fuit la Russie et trouve refuge en France. Le prince s'intègre d'emblée à la société et entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924. Deux ans plus tard, il est affecté au 1er REI (régiment étranger d'infanterie) en Algérie.
Trois ans ont passé quand il reçoit l'ordre de mutation pour le 1er bataillon du 4e REI à Marrakech, au Maroc. En pleine pacification, il partage la rude vie des légionnaires sur les pistes, alternant périodes d'instruction et colonnes dans le bled.
Un véritable chef de guerre.
Pour contrer les dissidences des tribus marocaines, son bataillon est chargé, le 30 mai 1932, d'occuper le plateau des Izeroualem où une forte concentration ennemie a été détectée. Ce sera sa première action d'éclat au combat, pour laquelle il reçoit une citation à l'ordre de la division.
À la tête de ses légionnaires, Amilakvari participe à toutes les entreprises de renforcement de la présence française dans le sud-marocain. Les combats des mois d'août et septembre 1932 sont particulièrement violents et Amilakvari s'illustre une fois de plus par sa bravoure et sa conduite au feu. Le 1er janvier 1937, il est nommé au grade de capitaine et affecté ensuite au 1er REI.
Le 20 février 1940, un bataillon de marche de la Légion est créé à Sidi Bel-Abbès et à Fez. Il reçoit bientôt la dénomination de 13e demi-brigade de montagne de Légion étrangère.
Combats héroïques en Norvège.
Volontaire, le capitaine Amilakvari rejoint le 2e bataillon et prend le commandement de la compagnie d'accompagnement bataillonnaire n° 2 (CAB 2). Au mois de mars, il devient français par décret de naturalisation. La demi-brigade s'embarque à bord du Metzinger puis du Ville d'Alger qui appareillent vers la Norvège le 30 avril. Le 13 mai, c'est le débarquement de vive force à Bjervick. Blessé le lendemain, le capitaine Amilakvari participe aux combats entourant la prise de Narvik, du 28 mai au 7 juin. Pour son comportement héroïque sur les côtes norvégiennes, il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
En Érythrée et en Syrie avec les FFL.
Le moment de l'armistice devient vite celui du choix, et le prince géorgien décide de rester en Grande-Bretagne pour continuer le combat à la tête de la CAB n° I de la nouvelle demi-brigade, au sein des Forces françaises libres (FFL). S'ensuit alors une série de combats qui vont jalonner le parcours des Français libres à la recherche de soutien dans la France d'outre-mer.
La 13e DBLE (demi-brigade de Légion étrangère) finit par vaincre l'armée italienne et prend Massaouah, le 8 avril 1941. D'Érythrée, Amilakvari se dirige ensuite vers la Syrie où il pénètre victorieux dans Damas, le 21 juin.
À peine chef de bataillon, il est déjà nommé lieutenant-colonel et reçoit le drapeau de " sa " demi-brigade à Alep, le 19 octobre 1941.
La victoire de Bir Hakeim.
Mais les armées de Rommel sont menaçantes et la " 13 " est engagée dans la défense héroïque de Bir Hakeim, du 1er au 10 juin 1942. Elle en sort exsangue, mais victorieuse. Transportée à l'arrière pour se reconditionner, la brigade accueille le général de Gaulle au camp de El Tahag (Égypte), le 10 août. Il y décore le général Kœnig de la croix de la Libération, ainsi que le lieutenant-colonel Amilakvari et son camarade de combat, le capitaine Brunet de Sairigné.
Tombé à El-Alamein.
Le 23 octobre, les légionnaires, déployés en ligne à El-Alamein, font mouvement vers l'observatoire d'EI-Himeimat avec la ferme intention d'en chasser l'ennemi, et de s'y installer pour dominer tout le champ de bataille. Au matin, le combat est déjà bien entamé, et la résistance plus forte que prévu. Réorganisant son dispositif, le lieutenant-colonel Amilakvari profite d'un moment de répit pour mettre de l'ordre dans ses affaires personnelles, tout en disant à son entourage : " Lorsque l'on risque de paraître devant Dieu, il convient de se mettre en tenue convenable ". Une heure plus tard, une salve de quatre obus explose en l'encadrant. Vêtu de sa houppelande de Norvège, il porte la main à son cou et s'écroule mortellement blessé.
C'est l'émotion à la " 13 " où cet officier avait fait sien le combat de tout un peuple. Son képi, tâché de sang, et l'éclat d'obus qui le blessa mortellement sont conservés au musée de la Légion étrangère d'Aubagne. La promotion 1954-1956 de l'École spéciale militaire de Saint Cyr a pris le nom de " Promotion lieutenant-colonel Amilakvari ".
Le 19 octobre 1941, à Alep, le lieutenant-colonel Amilakvari reçoit le 1er drapeau de la 13e DBLE des mains du général Catroux, haut commissaire en Syrie.
Ils ont dit de lui...
" Amilakvari, c'est la Légion.
Sa vie militaire, son enthousiasme, ses faits et ses gestes se confondent avec elle. Chez lui, tout était grand, sa stature, le comportement dans la paix et dans la guerre, l'idéal et cette tension constante, voire un peu douloureuse vers l'héroïsme qui voulait que toujours il songea, chose difficile, à se surpasser lui-même ". Général Monclar.
" Chef de guerre prestigieux, intrépide, au coup d'oeil infaillible, au sens humain profond, il avait une reconnaissance infinie pour la France, sa patrie d'adoption. Il aimait à répéter aux légionnaires: " Nous, étrangers, n'avons qu'une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l'accueil qu'elle nous fait : c'est de mourir pour elle " ! " Maréchal juin, 30 janvier 1945.
" Le monde a reconnu la France quand, à Bir Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de nos soldats. " Général de Gaulle, 18 juin 1942.
Conservé au musée de la Légion étrangère à Puyloubier, le képi du lieutenant-colonel Amilakvari porte les stigmates de l'éclat d'obus qui le toucha mortellement le 23 octobre 1942 à El-Alamein.